Vos koi ont un comportement anormal et vous êtes inquiet, c’est bien normal.

Le premier point à vérifier est la qualité de l’eau. N’oubliez pas qu’une variation de vos paramètres peut conduire à un mal être, à une gène, et vos poissons vous le feront savoir.

Vos paramètre sont OK, alors arrive le moment crucial: mes poissons sont-ils malades?

Différents organismes microscopiques (ou macroscopiques pour quelques uns d’entre eux) peuvent venir nuire à animaux aquatiques.

  1. Les virus. On ne les voit ni à l’oeil nu ni au microscope, seules les conséquences de l’attaque virale pourra vous alerter. Variole (petites boules blanches cireuses), maladie du sommeil (koi léthargiques sur le flanc), KHV (mortalité assurée). Les virus sont difficiles à éradiquer et malheureusement à ce jour, il n’y a pas de traitement réellement efficace.
  2. Les bactéries. Invisibles à l’oeil nu ou au microscope, elles sont très variées, plus ou moins agressives, forment de simples rougeurs jusqu’à des ulcères assez profonds et dévastateurs, elles peuvent également s’attaquer aux branchies. Pour éliminer les bactéries, la seule arme: les antibiotiques ou antibactériens. Certains traitements classiques, contenant de l’acriflavine notamment, peuvent aider, mais dans les cas les plus graves, il faudra le soutien d’un vétérinaire pour avoir des antibio à large spectre, et, dans les cas extrêmes, un prélèvement par écouvillon et une analyse en laboratoire sera nécessaire afin d’identifier LA bactérie et l’antibiotique qui la ciblera.
  3. Les champignons. On les distingue par leur aspect cotonneux, blanc/gris/verdâtre. Opportunistes, les champignons viennent en général contaminer une zone préalablement abimée par des parasites ou des bactéries. Le champignon se traite relativement facilement avec les produits de soin classiques.
  4. Les parasites. Certains sont visibles à l’oeil nu (peu), sinon il faut utiliser un microscope pour les voir. Bien souvent, l’inconfort ou la détresse qu’ils provoquent engendre un changement de comportement, une surproduction de mucus qui vous alerteront. Pour éradiquer les parasites, il faut au préalable les identifier car ils ne sont pas tous sensibles aux mêmes produits. Pour cela, il va falloir réaliser un frottis. C’est l’objet de cet article.

Le matériel

  1. Le microscope. Pour identifier les parasites microscopiques (invisibles à l’oeil nu) nous allons devoir les observer sous un microscope. Donc l’objet indispensable du jour. Il n’est pas indispensable d’avoir un microscope optique de laboratoire je vous rassure. Le minimum, serait un microscope vous permettant de grossir à x100 et x400. En général, les basique sont doté d’un oculaire (là où on regarde) à x10 et d’un objectif rotatif avec x10, x40, x100. Ce type de microscope optique se trouve aisément à environ 100€. Dans la mesure du possible, optez pour un modèle sur lequel il existe un accessoire permettant de fixer votre smartphone, bien pratique pour réaliser photos et vidéos qui en cas de doute vous permettront de vous faire aider par un professionnel. Les options possibles mais qui rendent l’achat plus onéreux:
    • Monoculaire/binoculaire
    • Un écran LCD pour une meilleure vision, les photos et vidéo sont également plus faciles à capter.
    • Une platine mobile qui permet de bouger l’échantillon aisément à l’aide d’une molette.
  2. Les lames. Celles-ci recevront votre échantillon de mucus.
  3. Les lamelles. Elles se placent sur l’échantillon que vous avez déposé sur la lamelle afin d’obtenir une couche fine pour une meilleure observation.
  4. Un outil de prélèvement. Une petite lamelle plastique, souple et rigide à la fois. Une carte bleue (désinfectée) peut faire office.
  5. Un spray désinfectant pour vos mains, l’outil de prélèvement, la platine, à utiliser entre chaque manipulation. Lame et lamelle sont des consommables!
  6. Une épuisette, une épuisette chaussette et un bowl avec un filet serait utile pour manipuler votre poisson en toute sécurité et sans stress (pour vous comme pour lui!)
  7. Eventuellement le livre bible du Dr Lammens

Le prélèvement

4 mains seront utiles pour travailler plus facilement, surtout lorsque vous débutez.

Avec votre épuisette, vous allez rapprocher votre koi du bord du bassin et le saisir avec l’épuisette chaussette afin de le déposer dans votre bowl partiellement rempli d’eau du bassin.

Une fois dans le bowl, maintenez le koi sur le bord de celui-ci, fermement mais délicatement.

Profitez de l’instant pour procéder à un contrôle des ouïes en écartant délicatement l’opercule. Les ouïes doivent être bien rouge sang.

Avec une lamelle plastique type carte bleue, vous allez prélever du mucus sur le corps du poisson. Pour cela il va falloir frotter l’objet en le déplaçant dans le sens des écailles, voilà pourquoi ce geste s’appelle un frottis!

Le prélèvement est à faire à différents endroits: à proximité des ouïes (au plus près des branchies), sur le haut du dos (près de la dorsale), sur le ventre, à la base des pectorales. Cela peut faire l’objet de plusieurs prélèvements. Un prélèvement supplémentaire sur les branchies peut être utile, même procédé: il faut soulever l’opercule comme lors du contrôle, et frotter avec une extrême délicatesse les branchies, cet organe étant très fragile.

La préparation de l’échantillon

Une fois votre échantillon prélevé, vous le déposez sur la lame, puis vous le recouvrez avec la lamelle. Afin d’éviter d’emprisonner des bulles d’air qui gênerait l’observation, posez un bord de la lamelle à proximité de l’échantillon, maintenez la lamelle penchée à 45° puis abaissez la gentiment sur l’échantillon.

L’observation de l’échantillon

Placez votre préparation sur la platine du microscope. Assurez vous que l’objectif rotatif soit placé sur le plus petit grossissement (en général x10). Allumez la lampe qui est située sous la platine pour que la lumière traverse l’échantillon. Votre oeil sur l’optique, vous allez dans un premier temps faire la mise au point en montant ou en descendant la platine à l’aide des vis macrométrique/micrométrique. Ceci fait vous allez maintenant pouvoir sillonner votre échantillon à la recherche d’éventuels parasites.

Votre échantillon est vaste, pour ne rien rater, il va falloir procéder méthodiquement.

Costia est le parasite le plus petit, le plus difficile à repérer. On le verra néanmoins facilement, non pas au coeur même du mucus, mais dans des zones moins dense, là où les fluides s’écoulent. Repérez ces écoulements, souvent en bordure.

Fluide en mouvement sans parasite

Dans cette petite « rivières » certaines particules suivent l’écoulement, rien d’important dans ce cas. Mais si des « petits points » virevoltent rapidement et nagent à contre courant, il s’agit probablement de costia. Laissez la lame en place et passez au grossissement supérieur sur l’objectif, faites le point. Les voilà! Attention, costia meurt assez vite sur le prélèvement, si vous tardez, il sera très difficile à repérer!

Passons maintenant aux autres parasites. Revenez sur le plus faible grossissement si vous avez été amené à changer, refaites le point. Repérez un angle de la lamelle. Vous allez maintenant balayer la lamelle de haut en bas puis de bas en haut en vous déplaçant au fur et à mesure vers la droite (ou la gauche suivant votre point de départ).

Un parasite, c’est vivant, donc ça bouge. Quand vous observez un « corps » qui bouge, c’est probablement votre ennemi! Il va falloir maintenant l’identifier. Rassurez vous, ce n’est pas très compliqué. Il y a globalement 6 parasites très fréquents et facilement différenciables. Il arrive que des bulles d’air, malgré les précautions, soit emprisonnées dans l’échantillon! Pas de panique!! Voici à quoi ressemble la bulle d’air (ça ne bouge pas!!!):

Bulle d’air

COSTIA. Son petit nom scientifique Ichtyobodo necator. Il s’agit d’un protozoaire (une seule cellule) flagellé (deux flagelles lui permettent de se déplacer et de s’alimenter) de très petite taille 15µm, en forme de virgule. On le retrouve sur la peau ou les branchies, il est très petit mais se multiplie très vite (par division cellulaire), d’autant plus vite que la température de l’eau est élevée. On le trouve même à basse température! Sans hôte, c’est à dire s’il se détache du poisson, il ne survivra que quelques heures (2 ou 3). Sur la peau d’un koi sur les nageoires ou les ouïes, il va s’ancrer, provocant une forte irritation. En réponse le koi va sécréter davantage de mucus (d’où le voile grisâtre observable dans le cas d’une contamination importante). Des branchies très infestées conduiront à l’asphyxie du poisson.

Costia
Des costia partout!

⚕ Un seul traitement avec FMC ou Alparex viendra à bout de l’envahisseur.

TRICHODINE. Pour moi, le plus beau de tous les parasites! Organisme unicellulaire, circulaire et plutôt plat, qui mesure de 50 à 70µm, il se déplace à l’aide de petits cils situés tout autour de la cellule. Il peut se fixer sur la peau mais également sur les branchies, provoquant des lésions et des irritations, avec en conséquence une surproduction de mucus (voile) et/ou des difficultés respiratoires. Il se multiplie lui aussi par division cellulaire et peut être présent même à basse température. En eau libre, il ne survivra que quelques heures.

Thrichodine
Trichodine

⚕ Alparex et Chloramine T fonctionnent assez bien pour l’éliminer, néanmoins il est parfois nécessaire de renouveler le traitement pour achever le travail, certains exemplaires pouvant être résistant.

CHILODONELLE. Encore un organisme unicellulaire cillié qui se multiplie par division et ce, même à basse température. Plutôt ovale, il mesure de 40 à 80µm et meurt assez vite sans support. Il infectera dans un premier temps les branchies avant de se répandre sur le corps du poisson. Les branchies étant endommagées, le poisson ressentira des difficulté respiratoires par ailleurs, les irritations sur le corps provoqueront des lésions et une surproduction de mucus.

⚕ Un traitement par FMC, Alparex ou Chloramine T sera efficace.

GYRODACTYLUS. C’est un genre de vers plat, métazoaire, c’est à dire formé de plusieurs cellules, qui est assez conséquent puisqu’il mesure de 0.5 à 1mm. Il s’accroche à la peau du poisson à l’aide de crochets et provoque des lésions sur celle-ci, ce qui se traduit par une surproduction de mucus et même des rougeurs. C’est un organisme vivipare, c’est à dire qu’il donne naissance à des « mini gyrodactyles », sans quitter son hôte. S’il est séparé de l’hôte, il survit jusqu’à 10 à 12h en eau libre.

Gyrodactylus

⚕ Lernex Pro reste le traitement le plus efficace contre ce parasite. En cas de résistance, l’alternative sera la Chloramine T

DACTYLOGYRUS. Comme Gyro, il s’agit d’un vers mais qui lui aura plutôt tendance à s’installer sur les branchies, provoquant une défaillance respiratoire quand ces parasites seront trop nombreux et auront largement endommagé les tissus branchiaux. Assez gros, puisqu’il peut mesurer jusqu’à 2mm, il se reproduit en pondant des oeufs, dactylo est ovipare! La complication par rapport à gyro, c’est que les oeufs sont expulsés en eau libre, et lorsqu’ils arriveront à maturité ils recontamineront les poissons. Ces oeufs n’éclosent qu’à une température supérieure à 10°C et ne sont pas sensibles aux traitements. Ils faudra donc traiter en plusieurs fois afin d’atteindre les jeunes larves. Si gyrodactylus et dactylogyrus se ressemblent beaucoup, on arrive néanmoins à les reconnaitre en repérant 4 petits points sur l’abdomen de Dactylogyrus.

Dactylogyrus

⚕ Lernex Pro fonctionne bien sur ce parasite. En cas de résistance, Chloramine T pourra se révélé efficace.

POINTS BLANCS. Ichthyophtirius multiphiliis, c’est son petit nom! Parasite facile à identifier mais pas moins complexe à gérer. Visuellement, dans certains cas vous pourrez voir des minuscules petits points blancs (0.2 à 1mm) sur la peau de votre poisson, comme du sel dirons nous. Il s’agit du parasite qui est installé la peau. Il ne s’agit que d’un stade de l’évolution de l’organisme. A maturité, ce point blanc va se détacher du poisson et se fixer dans le bassin. Cette forme fixe évoluera pour libérer des nouveaux parasites nageurs qui viendront recontaminer vos poissons. Ce cycle est très dépendant de la température et malheureusement seule la forme libre du parasite sera vraiment sensible aux différents traitements. Il faudra donc traiter à plusieurs reprise, l’intervalle de temps dépendant de la température de l’eau. Dans un premier stade sur le poisson, on repère une forme plus ou moins sphérique dans laquelle de la « matière semble tourner ». Au fil de la maturation du point blanc, une forme blanche ressemblant à un croissant de lune va se dessiner.

Point blanc 1er stade
Point blanc 2ème stade avec croissant de lune

⚕ FMC donne d’excellents résultats, Alparex et Chloramine T peuvent être des alternatives.

Conclusion

Vous avez maintenant les grandes lignes, à vous de jouer!

Le livre du Dr LAMMENS « le spécialiste du koi » vous sera probablement d’une grande aide! C’est une bible qui vous guide sur différents domaine dans le monde du bassin, l’alimentation, les soin, les maladies…

Bien entendu, en cas de doute, n’hésitez surtout pas à prendre conseil au près d’un spécialiste. Comme vous pouvez le voir, même si l’identification est aisée, les traitements eux peuvent, dans certains cas, s’avérer complexes.

Je reste bien sûr à votre écoute si vous avez besoin d’aide.