Un bassin à poissons n’est pas un simple trou d’eau rempli d’eau! C’est un milieu qui, si on veut que la vie y soit durable, doit être purifié et équilibré. Pour cela il est nécessaire de filtrer l’eau et d’en contrôler la qualité au fil du temps. J’entends déjà quelques objections… « oui mais dans la nature, les plans d’eau n’ont pas de filtre! » Certes, mais dans la nature, souvent les plan d’eau ont une alimentation continue par une source ou une rivière avec donc un changement d’eau continu assurant l’épuration. Par ailleurs, dans la nature le rapport biomasse/volume d’eau est bien plus faible que dans nos bassins, la pollution sera donc moindre. Pour finir, le sol argileux d’un étang contribue aussi à l’épuration par sa minéralité et sa colonisation par de multiples espèces bactériennes disponibles en très grand nombre.

Voyons ici comment se régulent les déchets dans nos bassin via la filtration.

La vie dans l’eau

Les êtres vivants dans le milieu aquatique ont bien évidemment un impact sur leur environnement, au même titre que nous en avons un dans le milieu aérien. Ces êtres, qu’ils soient poissons, qu’ils soient plantes ou qu’ils soient microorganismes  consomment  des aliments/nutriments pour vivre et dans le même temps produisent des déchets. La nature est plutôt bien faite et les déchets des uns peuvent servir à l’alimentation des autres. Toutefois, l’équilibre de ce jeu est parfois difficile à trouver et la main de l’homme peut, une fois n’est pas coutume, avoir un rôle bénéfique ! Nous en reparlerons plus loin.

Poissons et végétaux, entre autres, vont être source d’une « pollution » importante. En effet, lors de sa respiration, le poisson produit de l’ammoniaque et lors de la digestion, il produit des fèces qui seront automatiquement dégradés dans l’eau par des bactéries en ammoniaque. Les débris végétaux seront eux aussi source d’ammoniaque.

La toxicité de l’ammoniaque

L’ammoniaque est très toxique pour les poissons. Suivant les espèces le seuil de tolérance va être plus ou moins élevé, mais il n’en demeure pas moins que l’idéal est d’avoir une concentration proche de zéro si l’on veut éviter d’avoir des conséquences sanitaires néfastes. Dès 0.2ppm d’ammoniaque, le milieu sera défavorable pour un koi. Lorsque le pH est faible, l’ammoniac s’ionise en présence de protons, formant l’ion ammonium, un peu moins toxique. Toutefois, quelque soit le pH, il est mieux de se débarrasser de ce résidu.

La nature sait d’elle-même faire le ménage, et des bactéries vont consommer l’ammoniaque pour leur métabolisme et le restituer sous une forme plus oxydée, les nitrites. Ces bactéries se nomment  Nitrosomas et sont efficaces en présence d’oxygène. Notons que cela ne leur suffit pas tout à fait et que la présence, en autres, de phosphore est également indispensable à leur activité. La température aura également une influence sur leur consommation et on peut observer que leur activité sera très  réduite à des températures inférieures à 14°C tandis qu’elle sera optimum aux alentours de 20°C.

La toxicité des nitrites

Les nitrites sont des ions négatifs (associés dans le milieu à des cations). Bien que moins toxiques que l’ammoniaque, les nitrites sont néanmoins, même à basse concentration, à l’origine de problèmes sanitaires sur les poissons.  Les nitrites vont pénétrer par les branchies dans le sang du poisson perturbant fortement l’absorption d’oxygène et provoquant des dégâts sur les différents organes.

Là encore, Mère Nature sait transformer ces nitrites toxiques en résidus nettement moins toxiques. Les bactéries Nitrobacter vont  utiliser les nitrites dans leur métabolisme et les transformer en nitrates dont la toxicité sera faible pour les poissons.

La toxicité des nitrates

Les nitrates sont peu toxiques pour les poissons en règle générale, cependant on peut noter des effets néfastes dans certaines conditions, tels que des troubles de la croissance. Il est donc souhaitable que le taux de concentration ne soit pas trop élevé (inférieur à 80ppm, la toxicité devenant très forte à 120ppm), 20 à 60ppm étant une fourchette acceptable.

Des processus naturels vont éliminer ces nitrates comme d’une part l’absorption par les végétaux et les algues sous forme de nutriments ou encore la transformation en milieu anoxique (absence d’oxygène) par des bactéries qui réduiront ce composé en azote gazeux.

Le « syndrome du nouveau bassin »

Le processus naturel que nous venons de décrire ne peut être efficace que si la quantité de déchets à transformer n’excède pas la quantité consommable par les bactéries présente dans le milieu.

Si le milieu est pauvre en bactérie (bassin neuf, utilisation de traitement, présence de chlore…) ou si le plan d’eau est trop chargé en biomasse (poissons, végétaux…), s’il y a un excès de nourriture, alors cet équilibre ne peut se réaliser et les concentrations en composés toxiques conduisent à des maladies et à terme à une forte mortalité.

Dans la nature (étangs, rivières) le rapport biomasse par volume d’eau est faible, la quantité de déchets produits sera consommée par les bactéries qui se développent naturellement dans le milieu en grand nombre.

Si ponctuellement un apport supplément en éléments toxiques se produit (suite à la fraie par exemple) le volume d’eau est suffisamment grand pour diluer le surcroit de toxiques. Si le problème ne dure pas, il n’y aura pas de conséquence notable sur les poissons.

Dans un bassin artificiel comme nous pouvons en installer dans nos jardins, la densité de population sera importante compte tenu du volume que nous mettons à disposition à nos pensionnaires. La moindre variation de la quantité de déchets aura immédiatement un impact néfaste sur les l’équilibre. Cela sera d’autant plus vrai que la quantité de bactéries sera faible.

Voilà la raison fondamentale pour laquelle il est déconseillé d’introduire des poissons dans un bassin fraichement installé (apport brutal d’ammoniaque dans un milieu exempt de bactérie). C’est aussi pour cela qu’il faut installer une filtration biologique conséquente qui permettra d’accueillir une colonie bactérienne suffisamment importante pour consommer les déchets produits dans votre bassin.  

Un contrôle régulier des taux d’ammoniaque, nitrites, nitrates mais également le contrôle du pH et de la dureté vous aideront dans le maintien de l’équilibre du bassin. N’attendez pas de voir des troubles de santé sur vos poissons pour vous en préoccuper !

Quels sont les symptômes apparents sur les koi en cas d’excès d’ammoniaque, de nitrites ou de nitrates?

Les poissons qui sont exposés à des taux élevés d’ammoniaque sont victimes d’irritations. Cela se traduira comme une forme de brûlure, principalement sur les branchies et sur les nageoires. Vous le noterez par un comportement inhabituel avec les nageoires serrées, des poissons qui ont tendance à s’isoler et à rester immobiles au fond du bassin. La peau et les nageoires rougissent, une surproduction de mucus apparait, et il arrive que les poissons viennent piper en surface. A des taux n’ammoniaque élevé, le poisson n’est plus en mesure excréter l’ammoniaque et c’est la mort par empoisonnement assurée.

Une exposition longue à des concentrations élevées en ammoniaque endommage la peau et les branchies du poisson, fragilisant par conséquent cette barrière naturelle et protectrice et donnant une opportunité aux parasites, bactéries pathogènes et autres champignons de s’installer. A ce stade, les soins seront plus délicats à fournir.

A partir de 0.15ppm en nitrite, le milieu devient « agressif » le koi. Avec une exposition à une concentration élevée en nitrite, les branchies étant les premières touchées par le déséquilibres, les poissons auront des difficultés à s’oxygéner et se placeront donc dans les eaux les plus riches en oxygène, c’est-à-dire sous les remous de la cascade, près des diffuseurs, ou bien simplement ils piperont l’air en surface. Si l’on va plus loin, l’oxygénation du poisson via les branchies étant entravée par les nitrites, le sang du poisson va prendre une couleur brunâtre, il n’est plus en mesure de véhiculer convenablement l’oxygène vers les différents organes (l’hémoglobine du sang une fois lié au nitrite ne peut plus servir de récepteur pour l’oxygène). D’autres signes d’alarme pourront être le miroitement et un comportement statique au font du bassin avec les nageoires pincées.

Pour ce qui est des nitrates, une accumulation de ce composé provoquera notamment des problèmes qui se traduiront par un système veineux fragilisé, irrité et particulièrement visible sur la peau et les nageoires. Si on observe leur comportement, on s’apercevra qu’ils sont apathiques, « mous », et,  même s’ils continuent à se nourrir, leur manque d’énergie doit être un signal d’alarme. Par ailleurs, le système immunitaire du poisson sera défaillant, laissant une opportunité aux hôtes indésirables. Ceci, accompagné d’un potentiel de  guérison diminué conduira à des poissons faibles avec un taux de mortalité non négligeable. La reproduction et la croissance pourront également être affectées par une exposition longue à des taux élevés de nitrates.

Comment diminuer les teneurs en ammoniaque et en nitrite ?

Si les concentrations d’ammoniaque ou de nitrites sont trop élevées dans le bassin, dans l’urgence, la première des actions à réaliser est DILUER. Il faut donc procéder à un renouvellement conséquent de l’eau : 30 à 50% du volume. Lors du renouvellement, il est conseillé d’utiliser une eau préalablement déchlorée (à défaut, le remplissage doit se faire en cassant le jet au maximum) et tempérée afin de ne pas provoquer un choc thermique (à défaut, un remplissage lent limitera l’impact de la différence de température). Ces renouvellements devront se poursuivre jours après jours jusqu’à obtenir des valeurs acceptable.

Dans le même temps il faut remédier à la source du problème : ensemencer la filtration en bactéries, oxygéner les masses filtrantes, augmenter la quantité/qualité des masses filtrantes et dans tous les cas CESSER DE NOURRIR !

En cas d’urgence, les produits tels que le toxivec de SERA éliminera efficacement en quelques heures les polluants. Mais bien entendu, si l’origine du problème n’est pas maitrisée, ce ne sera qu’un effet transitoire. Néanmoins, cela pourra sauver vos poissons.

En désespoir de cause, des artifices peuvent aider mais ils sont à utiliser avec pertinence. Par exemple, introduire de la zéolite dans la filtration permettra d’absorber momentanément l’excès d’ammoniaque. Attention, en présence de sel, la zéolite désorbe l’ammoniaque précédemment piégé.  Si le problème se situe au niveau de la concentration en nitrites, l’usage de sel pourra réduire la toxicité du composé azoté grâce à la présence de chlorure. Ce sel sera éliminé une fois le problème résolu par dilutions successives (renouvellement d’eau). Il est à noter que l’usage de sel en présence de certains produits de traitements est vivement déconseillé.

Ne laissez pas la situation se dégrader au risque de perdre vos petits compagnons.

Un poisson doit vivre dans de bonnes conditions : volume adéquat et qualité d’eau irréprochable.

Prenez soin de votre poisson, il vous le rendra !